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REPORTAGE POLYPHONIA (4)

Publié par polyphonia sur 5 Décembre 2015

 La détente fait aussi partie de la chorale

La détente fait aussi partie de la chorale

  • Tout ça, c’est la partie environnement, mais vous ne parlez pas de vos débuts en chansons, c’est pourtant le plus important dans une chorale !

En débutant à soixante-deux ans, bien-sûr il m’a fallu tout apprendre, la respiration, la puissance et la justesse et comprendre le vocabulaire spécifique à la musique.

Le début a été laborieux avec « Lybertango », mais c’était plutôt une question de rythme et de paroles que de difficultés vocales. Pour moi qui étais profane, j’aurais apprécié que quelqu’un me donne des conseils techniques. Dans mon ignorance je pensais que le chef de chœur était fait pour ça, mais évidemment il n’a pas le temps, et ce n’est pas son rôle, je m’en suis aperçu au fil du temps. Comment faire sortir les notes en allant au fond de la gorge, en levant la tête pour les graves, en la baissant pour les aigus ? (je faisais le contraire). Sans connaitre du tout la musique, on part avec un handicap, je m’en suis aperçu dès le départ, on est obligé de chanter de mémoire, bien que sur la partition on voit quand même s’il faut monter ou descendre. J’avoue que j’ai pensé abandonner quelques-fois. Recommencer et s’appliquer c’est le secret. Mon aide la plus sûr a été le dictaphone sur lequel j’enregistre les répétitions de A à Z. L’idée m’en est venue dès mes débuts et je réécoute la dernière répète à la maison ou tout en marchant, au moins deux fois par semaine. Les promeneurs qui m’écoutent chanter sur les chemins doivent se demander s’ils ne rêvent pas… Assimiler les anciens chants que toute la chorale connait, sauf vous, c’est aussi un challenge. Je me suis rendu compte également que chanter fort aide à trouver la note juste, mais on ne peut pas toujours, il y a des passages où justement il faut se retenir et là c’est difficile ! J’ai aussi souvent constaté que les femmes sont beaucoup plus douées que nous les hommes. Elles assimilent beaucoup plus vite et René se désespère souvent à nous faire rabâcher, particulièrement les ténors. Il lui arrive de nous prendre avant l’heure normale pour nous faire apprendre quelques passages plus délicats (et pour nous ils sont nombreux). Je ne ferais pas injure aux basses en pensant que leurs partitions me semblent quand même plus simples ! Mais c’est un avis personnel… Certaines chorales imposent de savoir les paroles par cœur, ce n’est pas le cas chez nous, mais ça nous faciliterait les choses. Quand on pense que, par exemple dans « Jéricho » nous ne savons pas encore très bien les deux phrases clés en anglais… Pour notre défense, notre anglais est bien loin et notre moyenne d’âge est plus près de soixante-dix que de vingt ans, avec les problèmes de mémoire que ça implique. Il arrive aussi que chaque pupitre répète individuellement avec un(e) choriste qui maitrise la musique. Solange avec les sopranes, Jacqueline avec les altis et René avec les ténors et les basses. Le gros défaut quand on est débutant et qu’on n’a pas appris sa voix spécifique, c’est qu’on a tendance à se laisser emporter par la mélodie, ce qui m’arrivait souvent avant que je m’en aperçoive et que j’essaie de rectifier. J’ai aussi remarqué qu’il ne faut pas trop écouter les autres voix, surtout la mélodie (souvent chantée par les sopranes) : elle vous rentre dans la tête et souvent elle y reste, et alors c’est le risque de ne plus vous rappeler de votre voix au bon moment.

  • J’ai écouté aussi parler de répétitions et d’ateliers, je suppose qu’il ne s’agit pas d’ateliers d’artisans, que pouvez-vous nous en dire ?
  • Les répétitions, c’est comme sortir les poubelles, c’est régulièrement tous les jeudis en dehors des périodes des vacances scolaires, où là, elles sont suspendues. Rien ( ou presque) ne peut m’empêcher de me rendre aux répétitions. Ce sont des moments particuliers où on se sent comme des écoliers avec leur maitre, on se laisse guider et c’est tellement agréable de n’être plus responsable de rien, on se sent comme un instrument de musique qui exécuterait une partition. C’est un peu comme le yoga : je respire, j’inspire (par le diaphragme), j’expire, je me tiens bien droit sans toucher le dossier de la chaise, j’ouvre la bouche au point de me décrocher la mâchoire, j’essaie de faire du mieux possible ce que René nous conseille, toujours en souriant !      Retrouver toute la bande fait partie des meilleurs moments de la semaine. On plaisante, on s’inquiète des absents, on commente l’actualité et le temps qu’il fait, on parle de jardinage sans oublier quelques histoires drôles tout ça bien-sûr avant et surtout après la répète (mais parfois aussi pendant). Nous sommes assis en demi-cercle autour du chef de chœur avec Pierre un peu en retrait derrière lui. Nous débutons théoriquement à 20h30, mais souvent Christophe et René en profitent pour nous parler de choses diverses, comme les dates de concerts ou autres. René commence la répétition vers 8h45, jusqu’à 22h30. Ça peut paraitre long, mais au total chaque pupitre a environ 20mn de chant effectif (j’ai chronométré sur les enregistrements), le reste du temps ce sont les autres pupitres qui apprennent à tour de rôle. Nous débutons par des exercices pour s’échauffer la voix, mais quand ce n’est pas le cas, René les remplace par un chant qui a aussi ce but.

     Les ateliers sont des répétitions exceptionnelles dont les dates sont fixées à l’avance et qui se déroulent à la salle des fêtes de Larequille, de 14 h à 19 h. La pause-café-gâteaux vers 16h30, coupe cette après-midi, souvent studieuse et qui, de l’avis de tous, nous permet de faire souvent de gros progrès. Nous essayons, sur les conseils de René, de les programmer un peu avant un concert qui lui semble important. Rester assis et chanter pendant presque 5 heures, et ne pas trouver le temps long a été une grande surprise pour moi. Ces ateliers se terminent presque toujours par un repas confectionné par les choristes et c’est impressionnant de voir la diversité et la quantité des plats qui sont proposés. Quelques fois pour les fêtes, c’est un traiteur qui se charge du repas moyennant une participation financière, toujours raisonnable, pour que tous les choristes puissent participer. Nous avons souvent constaté que nous progressons beaucoup lors de ces ateliers. L’explication est surement qu’ils se tiennent l’après-midi, et que nous sommes moins fatigués ou stressés qu’en fin de journée.

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